Chroniques d'un jour

Et le temps présent s’écoule doucement … (ou pas…)

Je me suis retrouvée il y a quelques années sur une plage de sable blanc bordant l’Océan Indien au coucher du soleil, bercée par le bruit des vagues, happée par le spectacle des pêcheurs qui rentraient de leur journée de travail dans un ballet tranquille et nonchalant.

Spectatrice d’un moment de vie sur cette île à la beauté saisissante où prendre le temps est plus qu’un art de vivre. Une philosophie de vie.

Et ce jour là, moi aussi, j’ai pris le temps de me laisser porter par la douceur de ces instants.

Ce moment privilégié m’est récemment revenu en mémoire alors que je rentrais chez moi, après une journée trop chargée, trop compliquée qui allait de pair avec mon état d’esprit.

Je n’ai jamais le temps. On ne me laisse pas le temps. Le temps joue contre moi. Un jour peut-être j’aurai le temps. Le temps file, les journées défilent…

Qui ne s’est jamais répété l’une de ces phrases en pestant contre sa journée à rallonge qui ne fera de toute façon que 24 H ?

Une amie, maman et femme active, qui vit (trop…) loin de chez moi, m’écrivait récemment que sa résolution pour l’année 2020 était de prendre le temps de donner davantage de nouvelles à ses proches en téléphonant plus souvent.

Cette jolie intention est à saluer et elle pourrait tout aussi bien s’appliquer à moi.

Quelle mère n’a jamais rêvé d’avoir plus de temps ?

Mais du temps pour qui et pour quoi ? du temps pour ses enfants, pour son conjoint, pour ses passions, pour son travail ?

Ou juste du temps pour soi ?

Et le pire finalement se cache ici, quand ce moment tant attendu est là, les enfants à l’école, à la crèche, ou endormis, l’ordinateur fermé et le travail bouclé, on se retrouve en déshérence à ne pas forcément savoir quoi faire de ces minutes qui s’offrent à nous.

Parce qu’il faut avouer qu’on a tellement toujours l’impression de ne pas disposer de ce temps qu’on ne se pose parfois même plus la question de ce qu’on aimerait réellement en faire.

Alors bien sûr, un millier de tâches à accomplir nous attend. Toujours. C’est indéniable et ça ne changera pas.

Et c’est parfois dans ces moments là que ma rébellion apparaît.

Et si je ne faisais rien ?

Il ne faut pas perdre de vue qu’on a le droit aussi de ne rien en faire de ce temps précieux qui est à nous et rien qu’à nous, il paraît même que c’est essentiel pour notre santé psychique. D’autant plus quand on aime écrire, cela permet de mettre l’esprit en pause et de le laisser vagabonder pour nourrir l’imaginaire.

Il est bien recommandé pour les enfants de s’ennuyer un peu parfois. Et pourquoi ne pas se l’appliquer à nous, adultes ?

Dans notre inconscient collectif, il est malheureusement souvent mal vu de s’octroyer du temps pour ne rien faire. On a l’impression d’être jugé – même si ce n’est pas par les autres, on se juge très bien tout seul – avec le sentiment qu’on dilapide ce temps que d’autres aimeraient avoir.

Parce que dans nos sociétés d’immédiateté, on ne nous laisse pas le temps de prendre le temps.

Alors essayons d’être rebelles, de capter ces moments qui nous appartiennent et grâce auxquels on peut enrichir notre réserve de ressources intérieures.

Et acceptons que parfois le temps présent puisse s’écouler doucement.

Auteur

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