Un café joueur ou la naissance d’un blog
Toutes les conditions étaient pourtant réunies.
Jolis cahiers dénichés aux confins du globe au hasard de voyages, que j’avais minutieusement choisis et déposés sur mon bureau avec précaution.
Crayon stylé. Mug au message inspirant.
Je ne pouvais être dans de meilleures dispositions pour me lancer et capturer en photo ce moment pour illustrer le lancement de mon blog, et écrire mes premières lignes.
Absorbée par l’esthétique de ce cadre de travail motivant, de ces couleurs qui s’affichaient et se mariaient devant moi, je n’avais pas remarqué que l’équilibre de ma tasse de café chaud était précaire.
Tellement précaire que lorsque j’ai attrapé mon téléphone portable pour immortaliser ce moment, j’ai donné un malencontreux coup de genou dans le pied de mon bureau. Et là, ce qui ne devait surtout pas arriver est arrivé… l’équilibre fragile s’est rompu, tout comme le charme de l’instant qui s’est envolé au même moment.
La couverture de mon cahier fétiche n’était plus du tout jolie, mon crayon plus détrempé que stylé, et le bureau en bois de mon grand-père au charme désuet attendait impatiemment qu’on daigne l’éponger avant qu’il ne s’abîme davantage.
Bref, ma session d’écriture commençait bien, ou plutôt ne commençait pas du tout.
J’aurais bien eu besoin d’un autre café mais je manquais de courage à l’idée de retenter l’expérience.
Partant de cet état de fait, la question s’est posée : qu’est ce que je décide ?
Aussitôt, mon cerveau jamais en repos a enfourché son vélo et est monté dans les tours. Remise en cause de mon choix d’ouvrir un blog. Petite voix dans ma tête qui me rappelle que rien n’arrive par hasard et que si mon café a décidé de me jouer des tours, il doit exister une raison bien supérieure qui me dépasse. Je ferai peut-être mieux de laisser tomber, il existe déjà des milliers de blogs et créer le mien ne changera pas la face du monde qui ne s’arrêtera certainement pas de tourner pour lire ma prose.
Je pourrai donc continuer à me lamenter sur mon sort, chercher des responsables à mes maux, des excuses à mon inaction.
Brillante idée, quand on cherche des bonnes raisons de ne rien faire, il est certain qu’on en trouve toujours plein. L’option est tentante.
En revanche, pour trouver des raisons « valables », la tâche est beaucoup plus ardue. J’ai beau chercher, manifestement je n’en trouve aucune.
Si le chemin devait être plat et lisse, l’ennui aurait toute sa place.
Une trajectoire semée de petites et grandes embûches, de petites et grandes victoires, sera sans nul doute beaucoup plus enrichissante.
L’autre option est donc de ne pas se laisser impressionner par un café joueur qui avait des envies d’espace, et plutôt voir en ce léger contretemps un moteur pour agir.
Mon envie d’écrire et de transmettre va bien au-delà.
Mon blog est né.