Mère à temps plein, auteure à mi-temps ?
« Ah oui elle est mère de deux enfants en bas âge, et auteure. Ah elle écrit à la maison, elle ne doit pas beaucoup travailler, voire pas du tout… mais elle au moins, elle a du temps pour s’occuper des enfants, faire les courses, les lessives, les repas, parce qu’elle ne travaille pas… »
A tous les bien-pensants friands de ces petites phrases assassines, j’ai souvent envie de leur dire qu’ils ont oublié dans leur liste le temps de faire le ménage et de sortir les poubelles…
Quelle mère, qui travaille chez elle, qu’elle soit auteure, free lance, indépendante, profession libérale, ou en télétravail quelques jours par semaine, n’a jamais entendu ce genre de remarques ou lu dans le regard des autres que ce n’est pas son travail qui devait beaucoup la fatiguer ?
Supporter ces remarques déplacées et devoir encore se justifier en 2020 est tout simplement inadmissible.
Oui parce que malheureusement beaucoup de personnes pensent encore qu’écrire, n’est pas un vrai travail, c’est à se demander s’ils pensent qu’un livre s’écrit tout seul en deux heures…ce sont d’ailleurs souvent les mêmes qui pensent qu’un livre, comme les autres œuvres de l’esprit, devraient être gratuites parce que comme chacun sait, dans la mesure où écrire associe plaisir et passion, ça ne vaut pas rémunération … bref autre débat tout aussi insupportable.
Je caricature à peine…
Alors oui je suis mère et auteure, et je trouve mon équilibre ainsi.
Travailler de chez moi offre à mes enfants la chance de davantage profiter de ma présence à leurs côtés. Et bien sûr, cette liberté me permet à moi aussi de savourer ma chance d’être très souvent auprès d’eux en conciliant plus facilement vie personnelle et vie professionnelle.
Ce qui a changé pour moi, c’est ma façon d’appréhender le temps qui passe. Ne plus être dans un rythme effréné, cette course permanente où l’on passe toujours à côté de l’essentiel. Cela ne veut pas pour autant dire que le rythme n’est pas soutenu, bien au contraire.
Travailler et s’occuper de deux enfants, c’est enrichissant, passionnant, émouvant, inspirant, mais on ne peut clairement pas dire que ce soit reposant.
Gestion de pleurs et maison du bonheur.
Gestion de crise et chef d’entreprise
Ces deux jolies casquettes cohabitent, ce n’est jamais simple, tout n’est pas rose et le quotidien n’est pas idéal tout droit sorti d’un film, mais chacun s’adapte.
Les parents en ont tous fait l’expérience. Quand on concilie vie de famille avec des enfants en bas âge et activité professionnelle, on ne se repose jamais vraiment.
Comme me l’a récemment dit ma fille avec une grande clairvoyance « mais maman, tu ne peux pas te reposer, enfin, tu as des enfants ! »
C’est tout à fait ça !
Il faut donc apprendre à laisser de côté l’immédiateté pour apprendre à prendre un peu de recul.
Je pose donc mes mots sur le papier le moment venu quand le temps dont je dispose et mon organisation de vie me le permettent.
Pour autant, je ne me considère pas auteure à mi-temps. Quand arrive le vendredi soir, tout auteur, comme tout créatif, ne ferme ni la porte de son bureau derrière lui, ni celle de son esprit.
La notion de temps plein ou de mi-temps n’existe pas.
Je n’écris pas à mes heures perdues, je prépare sans cesse mes écrits dans mon esprit où se bousculent en permanence mes idées sans même parfois m’en rendre compte.
Je ne cesse pas de réfléchir à mes projets quand je referme mes cahiers ou éteins mon ordinateur. L’imaginaire et les idées viennent grâce aux moments de vie du quotidien qui nourrissent l’écriture.
Mes sources d’inspiration ? elles sont nombreuses.
Les scénettes, moments calmes ou instants d’exaltation, qui entourent mon quotidien, me donnent une mine d’idées. Les jeux de mes enfants dans leur bain, une balade en pleine nature, la contemplation d’un feu de cheminée, une ruée en ville, l’immersion dans la foule d’un marché provençal, un café en terrasse au soleil, les discussions avec mes amies, leurs folles histoires de vie qui pourraient m’inspirer parfois plusieurs tomes.
Je suis juste auteure et mère. Et heureuse de l’être.
Et il serait appréciable et reposant d’arrêter de vouloir à tout prix cantonner les mères à tel ou tel rôle inscrit dans des cases bien trop petites pour elles.
Commentaires
Tellement vrai !
Ces mots résonnent en moi…
Merci belle auteure et belle maman.